Thème du Tiers inclus : Puissance indéterminée des espaces que sont le brouillard ou la nuit
Merleau Ponty
Le brouillard
La nuit
Il y a bien des spectacles confus
comme un paysage un jour de brouillard
où il nous faut reconnaitre l’indéterminé
comme un phénomène positif 1.
C’est dans cette atmosphère que se présente la qualité.
Le sens qu’elle renferme est un sens équivoque,
il s’agit d’une valeur expressive plutôt que d’une signification logique.
Quand par exemple, le monde des objets clairs et articulés se trouve aboli,
notre être perceptif amputé de son monde,
dessine une spatialité sans choses2.
C’est ce qui arrive dans la nuit
elle n’est pas un objet devant moi
Elle m’enveloppe
elle pénètre par tous mes sens
elle suffoque mes souvenirs
elle efface presque mon identité personnelle
Je ne suis plus retranché dans mon poste perceptif
pour voir de là défiler à distance les profils des objets
La nuit est sans profils
elle me touche elle-même et son unité est l’unité mystique du mana
Même des cris ou une lumière lointaine
ne la peuplent que vaguement
c’est tout entière qu’elle s’anime
elle est une profondeur pure sans plan
sans surfaces
sans distance d’elle à moi 3
Tout espace pour la réflexion est porté par une pensée qui en relie les parties
mais cette pensée ne se fait de nulle part
Au contraire, c’est du milieu de l’espace nocturne que je m’unis à lui
…
1. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, 1945 (éd. Gallimard), p. 12
2. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, 1945 (éd. Gallimard), p. 328.
3. Minkowski, Le temps vécu, Paris, d’Artrey, 1933. p.394
J’ai écrit récemment un article sur la nuit. Ta présentation aurait enrichi ma réflexion, mais il n’est jamais trop tard.
Amitiés
Jacline