Tiers inclus : Fiction ?
Antagonismes en interaction : Entre réel et virtuel
John Nelson, le superviseur des effets spéciaux du film « Blade runner 2049″, explique la volonté du réalisateur Denis Villeneuve et de son équipe : créer une femme ayant tour à tour l’air réaliste et artificiel, en fonction de l’état émotionnel de K (Ryan Gosling). Pour le spectateur, Joi doit être plus qu’un hologramme créé pour le plaisir.
Sa présence, sa « réalité », sont très importantes pour K. Pour cela, plusieurs techniques furent testées.
John Nelson: « Joy est un volume, une projection. Nous avions d’abord regardé du côté des simples hologrammes, mais cela ne sous convenait pas, nous cherchions quelque chose de plus subtil. Nous avons alors imaginé un effet de transparence à 360 degrés, essayé de l’adapter à son visage, puis à partir de la performance de la comédienne, nous avons finalement choisi de nous concentrer sur un autre type de transparence ( la « back transparency », en VO) qui permettait de voir à travers elle. »
Paul Lambert, employé de la société de création d’effets numériques Double Negative, précise ce concept :
» L’idée, c’est qu’on doit voir d’abord l’arrière de son corps, avant de voir l’arrière plan. L’effet est visible seulement quand elle est mouvement. A ce moment-là, le spectateur sent qu’elle est comme une ombre en volume. C’est exactement ce que nous voulions pour représenter ce concept d’un être à la fois réel et irréel. »
Lors des scènes à l’intérieur de l’appartement de K, la séquence la plus difficile à concevoir était celle de la scène de sexe : Lorsque Joi fait appel à la prostituée Mariette (Mackenzie Davis) en espérant ainsi pouvoir avoir un contact physique avec K, les corps des deux femmes fusionnent, mais pas parfaitement, ce qui crée un effet bizarre pour le spectateur.
Denis Villeneuve a filmé la séquence en plusieurs fois, en se concentrant à chaque fois sur une comédienne, afin de les mélanger en post-production:
John Nelson : « Une fois que Joe Walker (le monteur) a fini son montage, nous avons vu ces quelques instants magiques où le regard des deux actrices s’alignait. J’avais insisté pour que ce soit tourné séparément, et finalement, ça se synchronisait et c’était particulièrement frappant au niveau des yeux. »
Paul Lambert : « C’était extrêmement complexe, nous voulions préserver la performance d’Ana (Joi) au maximum, sauf lors de ces plans où elles sont synchronisées, où tout se mélange. »
Le réalisateur Denis Villeneuve conclut : « Je voulais qu’en se synchronisant, elles créent une troisième femme. Lors des tests, j’adorais le fait que ce troisième visage ait une présence érotique. Dès qu’elles n’étaient plus synchronisées, les deux femmes expliquent avoir ressenti deux expériences émotionnelles différentes. La prostituée était touchée de façon délicate, ressentait l’émotion de K, et, pour la première fois, Joi avait l’impression d’être réelle. »
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