Thème du tiers inclus: « OM » comme symbole du tiers inclus de tout phénomène identitaire de nature matérielle humaine ou temporelle, conscience unique de tous les concepts ou objets de l’univers, indissociablement liés les uns aux autres, fil rouge symbolique du système de systèmes, dont la dynamique interne auto-organisée se nourrit d’elle-même.
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Lorsque Siddhartha, encore Samama refuse de suivre Gotama, le Sublime, le Bouddha, parvenu à s’affranchir de la mort par ses pensées, sa méditation, la connaissance, l’illumination, il le fait car il est convaincu que personne ne peut parvenir à cet affranchissement au moyen d’une doctrine.
Il lui dit alors : « Il est une chose que cette doctrine si claire, si respectable, ne contient pas : c’est le secret de ce que le Sublime lui-même a vécu, lui seul, parmi des centaines de milliers d’êtres humains. Il s’éloigne alors, non pas pour chercher une autre doctrine, une doctrine meilleure, car il sait qu’il n’y en a point, mais pour s’éloigner de toutes les doctrines et de tous les maîtres, et seul, atteindre son but ou mourir. Le vrai trésor et le secret de la puissance de Bouddha n’étaient pas sa doctrine même, mais cette chose inexprimable que n’enseignait aucune doctrine et qu’il avait vécue à l’heure de son illumination. C’est précisément pour la vivre lui aussi qu’il était parti. Le chercheur, celui qui a vraiment le désir de trouver, ne devrait embrasser aucune doctrine. »
Puis plus tard, lorsqu’il retrouve le passeur de la rivière qu’il avait rencontré après avoir quitté sa vie de Samana, il évoque avec lui la notion de temps :
- « Est-ce que le fleuve t’a aussi initié à ce mystère: que le temps n’existe pas »
- « Oui, Siddhartha » lui répond Gotama.
– Tu veux dire sans doute que le fleuve est partout simultanément: à sa source et à son embouchure, à la cataracte, au bac, au rapide, dans la mer, à la montagne: partout en même temps, et qu’il n’y pas pour lui la moindre parcelle de passé ou la plus petite idée d’avenir, mais seulement le présent ?
– « C’est cela » dit Siddhartha. « Et quand j’eus appris cela, je jetai un coup d’œil sur ma vie, et elle m’apparut aussi comme un fleuve…Rien ne fut, rien ne sera. Tout est, tout a sa vie et appartient au présent… Toute souffrance n’est-elle donc pas dans le temps, toute torture de soi-même, toute crainte, ne sont-elles pas aussi dans le temps ? Tout ce qui dans le monde pèse sur nous ou est hostile ne disparait-il pas ou ne se surmonte-t-il pas dès que nous vainquons le temps, dès que la pensée parvient à faire abstraction du temps ? »
- « Et sais-tu Siddhartha, quelle parole prononce le fleuve, quand tu réussis à entendre d’un coup ses dix mille voix ? », il se penche et lui souffle à l’oreille « Om »[1], [2]»
OM comme symbole du tiers inclus de tout phénomène identitaire de nature matérielle humaine ou temporelle, conscience unique de tous les concepts ou objets de l’univers, indissociablement liés les uns aux autres, fil rouge symbolique du système de systèmes, dont la dynamique interne auto organisée se nourrit d’elle-même.
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[1] Om est le présent, le passé et le futur. C’est le monde entier dans une syllabe, et c’est même encore ce qui peut exister en dehors de ces trois temps. Ce mot se décompose en plusieurs parties formant plusieurs sons. Ces sons symboliseraient les êtres et les choses les plus divers : les heures du jour, les Vedas, les trois Dieux, etc… Om fournit un point de vue double. D’une part il projette l’esprit au-delà de l’immédiat vers ce qui est abstrait et inexprimable. D’autre part, il rend l’absolu plus tangible et compréhensible. Il englobe toutes les potentialités et les possibilités, il est tout ce qui était, est, ou peut encore être. Il est en même temps tout puissant tout en restant toujours non défini. OM est la manifestation concrète de la vérité visible. Aucun concept ni aucun objet de cet univers n’est indépendant. Tous ne sont que des variantes d’une même conscience unique, à l’essence de laquelle ils participent à des degrés divers, ce qui les lie indissociablement les uns aux autres. (Dictionnaire de la sagesse orientale, collection Bouquins, Ed Robert Laffont, p 402)
[2] Om est composée de trois lettres : A,U,M. Elles symbolisent le corps, la parole et l’esprit purs et glorieux d’un Bouddha.
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