///David Hockney Dans l’entre des doubles portraits Une grande solitude, jusqu’à l’absence…, jusqu’à la mort

David Hockney Dans l’entre des doubles portraits Une grande solitude, jusqu’à l’absence…, jusqu’à la mort

By | 2025-05-22T09:01:02+02:00 18 mai 2025|Art, Peinture|0 Comments

Thème du tiers inclus:  La solitude, l’absence, la mort.

Antagonismes en interaction: Entre présence et absence, entre intérêt et indifférence, entre contrastes de regards, postures, gestuelles ou attitudes d’indifférence ou d’absence.

 

David Hockney

Dans l’entre des doubles portraits

 

Une grande solitude, 

jusqu’à l’absence…

jusqu’à la mort…

David Hockney  « Je suis un artiste qui travaille occasionnellement au théâtre. Pour un peintre, ce qui change quand on passe au théâtre, c’est qu’on doit collaborer avec les autres et donc faire des compromis. Collaborer, c’est faire des compromis. Après tout, dans mon studio, je ne fais des compromis qu’avec moi-même… »

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David Hockney American collector Fred et Marcia Weissman 1968

“American collector Fred et Marcia Weissman” figés dans l’indifférence  parmi les sculptures dont leur maison est ornée.

Acrylique sur toile 243.8 × 243.8 cm collection particulière

 

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Christopher Isherwood and Don Bachardy, 1968

Cette peinture est l’une des plus représentatives des doubles portraits de David Hockney. Représentés frontalement, dans une quasi-immobilité que seul rompt le mouvement de tête de Isherwood, ils symbolisent aux yeux du peintre Hockney la liberté de mœurs de la Californie où peut s’afficher un couple masculin d’âges différents dans une relation que l’on qualifierait aujourd’hui de « non exclusive »

 

 

Christopher à gauche est romancier et scénariste (il a écrit good-bye to Berlin notamment) à ses côtés Don Bachardy est peintre, il a l’âge de David Hockney. Le tableau les réunit alors que le peintre Bachardy est en Angleterre pour deux mois. Seul Isherwood vient poser pour le tableau de David Hockney. La coupe de fruits, avec au premier plan, un épi de maïs desséché, désigne discrètement leur relation homosexuelle. Mais leurs regards ne se croisent pas…

 

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David Hockney Henry Geldzahler and Christopher Scott, 1969 Acrylique sur toile 243.8 × 243.8 cm collection particulière

1969 “Henry Geldzahler and Christopher Scott” est une toile construite comme une Annonciation. Henry, le conservateur ami, trône sur un canapé Art Nouveau à velours rose. Les lignes de fuite du parquet désignent un point de fuite juste au-dessus de sa tête, sur une fenêtre d’un immeuble de Manhattan. Son amant, Christopher Scott, semble de passage, en visite. Ici encore les regards ne se croisent pas.

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David Hockney le parc des sources à Vichy (Peter Schlesinger et Ossie Clark) 1970 Acrylique sur toile; 214 x 305 cm; Collection particulière 

1970 : “le parc des sources à Vichy d’après photo et croquis, est un double portrait : de dos Peter Schlesinger et Ossie Clark assis côte à côté, la chaise vide est celle d’Hockney.

David Hockney a fait de nombreux dessins de ses amis. Célia Birtwell devenue styliste renommée à Londres a souvent posé pour lui. Ossie Clark, styliste lui aussi a posé pour lui.  Il a été aussi l’un de ses premiers nus d’étudiant, il est bisexuel. En 1971, Celia et Ossie se marient et David fait leur double portrait.

 

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David Hockney Mr and Mrs Clark and Percy 1971 Acrylique sur toile; 213 x 304 cm; Tate gallery

Ce double portrait a été peint à Londres en cadeau de mariage pour Ossie Clark et Celia Birtwell, amis du peintre. Le raffinement de la composition rappelle la peinture préraphaélite anglaise qui, au XIXème siècle, s’inspirait de la première Renaissance italienne et revendiquait une existence poétique, affranchie des conventions.

Le chat, Percy, bien visible, semble dotée d’une personnalité propre dans ce portrait de couple qui mentionne les participants – comme si le peintre, par procuration, ne s’était pas tout à fait exclu de l’image.

 

 

Célia est enceinte. Le bouquet de lys évoque la pureté de la Vierge dans les Annonciations. Ossie a le regard oblique, le chat Percy, symbole d’infidélité, est sur ses genoux. Percy est le nom du pénis en anglais.

 

 

 

 

Hockney s’est amusé à inverser les gestes d’un couple peint par Arthur Devis en 1740 dans : « William Atherton and his Wife Lucy » “ où l’homme à la main sur la hanche, la femme est assise, les mains sur le genou. Ils ont un chien, symbole de fidélité.

David Hockney a fait poser ses amis à l’inverse (Célia a les mains sur les hanches debout Ossie, main sur les genoux assis).

Le couple se séparera 3 ans plus tard, après avoir eu deux enfants.

 

 

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David Hockney Portrait of the artist, pool with two figures 1972, acrylique sur toile, 213,5 × 305 cm

Portrait of an Artist, Portrait d’un artiste (Piscine avec deux personnages). 

“Portrait of the artist, pool with two figures”. David Hockney a trouvé une piscine sur les hauteurs de Nice et a photographié son assistant plusieurs fois, nageant et debout, regardant dans l’eau, pour ensuite le peindre avec les vêtements et les cheveux de Peter Schlesinger. Qui est l’artiste, David ou Peter ? Les deux figures sont celles du même homme, Peter qui se regarde nager.

L’aura sentimentale de cette œuvre, en temps de rupture amoureuse, lui a valu en 2018 d’être adjugée pour la somme de 90 millions de dollars.

 

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David Hockney Shirley Goldfarb and Gregory Masurovsky, 1974, acrylique sur toile, 213,5 × 305 cm

Shilrley Goldfarb and Grégory Masurovsky ”. Elle est peintre, lui est écrivain. La terrasse est surélevée, comme une scène de théâtre, les rideaux sont prêts à coulisser sur la gauche. Le couple est séparé par un pilier, il écrit, elle rêve. David Hockney a pensé aux compositions très géométriques de Piero della Francesca, avec des colonnes séparatrices, comme dans l’Annonciation d’Arezzo ou la flagellation du Christ.

 

L’apparente solitude de ces deux personnages dans une même scène évoque aussi les ambiances des tableaux d’Edward Hopper dans les années trente (personnages murés dans leur solitude alors qu’ils sont dans le même espace).

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David Hockney George Lawson and Wayne Sleep, 1974, acrylique sur toile, 212 × 300 cm

George Lawson et Wayne Sleep 1972-1975 est l’une des dernières peintures d’une séquence de grands doubles portraits qui ont occupé David Hockney entre 1968 et 1977, bien que l’artiste ne l’ait jamais complètement achevée. La peinture de trois mètres au format paysage montre le marchand de livres anciens George Lawson assis sur un tabouret devant un clavicorde placé contre un mur. Sa main droite appuie sur une touche du clavier, mais son corps est détourné du clavicorde et vers la fenêtre ouverte à gauche du tableau – il apparaît ainsi de profil, ne  regarde pas sson interlocuteur.

 

Immédiatement à gauche du clavicorde et à côté de la fenêtre se trouve une porte avec la porte entrouverte ; dans cette ouverture se trouve le danseur de ballet Wayne Sleep, appuyé contre le cadre de la porte par son coude gauche et avec ses jambes croisées de contrapposto qui est reprise par les rideaux tirés sur le côté de la fenêtre. La pose et les vêtements décontractés de Sleep – T-shirt, pantalon blanc et chaussures correspondantes – contrastent avec le costume vert plus formel, le nœud papillon et les chaussures noires cirées portés par Lawson.

Hockney dit qu’il a découpé l’espace comme Vermeer et ses dames à l’épinette.

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David Hockney my parents and myself 1975 huile sur toile 183 x 183 cm

Ils sont surélevés sur une estrade bleue et entre eux, aucun échange ou regard. À l’arrière un miroir par lequel le peintre entre par effraction dans le tableau. Les livres dans le meuble ont été identifiés comme étant « à la recherche du temps perdu » de Proust, que Hockney lisait à cette période.

Le peintre est présent-absent dans son reflet du miroir posé sur la commode.

 

 

David Hockney my parents 1977 huile sur toile 182.9 x 182.9 cm Tate gallery Londres

En 1977, “My parents” reprend la même scène, mais l’estrade et les rideaux ont disparu. La maman a la même pose, le papa semble fatigué de poser et se concentre sur son journal.

Le peintre n’est plus visible dans le miroir mais à sa place deux fragments : l’un du rideau, l’autre est le baptême du Christ de Piero Della Francesca.

Parmi les livres, en bas, on trouve toujours verticalement « À la recherche du temps perdu » et horizontalement Chardin. Par ses lectures, il montre qu’il est présent dans le tableau sans être dans le miroir.

 

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David Hockney modèle avec autoportrait inachevé 1977 huile sur toile 152.4 x 152.4 cm collection particulière

Hockney se montre dessinant à l’arrière du tableau, derrière Grégory Evans endormi. Il illustre ici leurs deux vies séparées.

Il dit s’être représenté dessinant une guitare bleue, en face d’une chaise vide … celle de Picasso.

L’ambiance rappelle celle de certains tableaux de Balthus.

L’autre ami proche de cette période c’est Joe Mc Donald’s, qui est mannequin. En 1974 Warhol réalise le portrait de Hockney et Hockney fait le portrait de Warhol.

 

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Une ligne sépare nettement Sid et Joni.

L’avant-bras bienveillant de Sid devient transparent au-delà de cette ligne

Sid and Joni, 2005

 

 

 

 Sid and Joni Seated at Table, 2005, 

Sid et Joni assis près d’une table

 

 

 

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The group IV, 22nd – 28th April 2014  Le groupe IV, 22nd – 28th Avril 2014

 

Face à un mur de portraits, cinq hommes habillés de vêtements multicolores,  sont peints en totale indifférence les uns aux autres

 

 

 

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Viewers looking at a Readymade with Skull and Mirrors, 2018, Spectateurs regardant un readymade avec crâne et miroirs

Dessin photographique imprimé

Hockney a commencé ses dessins photographiques en 2015. Ses expérimentations avec Photoshop ainsi que la composition et la numérisation en trois dimensions (en 2017) créent un effet que l’artiste appelle « la 3D sans lunettes » : des images virtuelles élaborées, construites grâce à une utilisation ludique de différentes perspectives.

Les figures photographiées individuellement en 3D sont positionnées numériquement dans l’espace de l’atelier à l’aide d’une technologie appelée photogrammétrie.

 

Bien que vue en 2D, l’image composite implique la troisième dimension en présentant de multiples perspectives et l’élément temps – car le spectateur doit regarder chaque figue séparément.

Chaque figure et chaque objet ont ainsi une signification individuelle, ce qui incite à une observation attentive, contrairement à la photographie traditionnelle.

 

 

Les tables ont toutes des plateaux peints bleu, rouge, jaune. Elles sont empilées et vides.

Celle du sommet porte une vanité non retrouvée dans l’image reflétée ( ci-contre)

 

 

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Henry et Raymond, 1979

Henry Geldzahler, influent conservateur au Metropolitan Museum of Art de New York et figure du monde de l’art new-yorkais, était un des plus proches amis de David Hockney.

Il discute avec Raymond Foye, écrivain et éditeur, dans un espace indéterminé, fermé de pans de couleurs

 

L’homme assis, cigare aux lèvres, adopte une attitude de supériorité face à son interlocuteur debout

 

 

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JP and Little Tess,  JP and Little Tess                                                  JP and Little Tess,        JP and Little Tess

24 Nov 23 2023 ,        14 Nov  2023,                                                         14 Nov 2023, ,            15 Nov 2023

 

Dans ces quatre peintures, le chien est indifférent aux attitudes ou gestes tendres de l’homme qui le tient

 

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A bigger Card Players, 2015 ( Joueurs de cartes  plus grands)

Hockney s’inspire des joueurs de cartes ( 1890-1895) de Cézanne, représentés assis autour d’une table dessinée en perspective inversée. Une variante de l’oeuvre que nous regardons est reproduite sur le tableau accroché en arrière-plan, dans laquelle le personnage debout est présent, ce qui n’est pas le cas dans la scène du premier plan.

 

 

 

Sur le mur, à droite des joueurs de cartes,  est présent un autre tableau de HockneyPearblossom Hwy.

                                                                                                                                                                               L’autoroute de Pearblossom

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Play Within a Play Within a Play and Me with a cigarette, 2025

Une pièce dans une pièce dans une pièce et moi avec une cigarette

Dans son tout récent autoportrait Play within a Play within a a Play and Me with à Cigarette, Hockney se représente vêtu d’un costume en tweed, assis dans son jardin. Sur ses genoux, on aperçoit le collage de l’œuvre en cours de réalisation, les jonquilles annonçant l’arrivée du printemps.

Une triple mise en abîme de lui-même et du tableau qu’il est en train de peindre

Hockney peint sur ses genoux la toile qu’il peint au sein de laquelle est déjà peinte la toile qu’il avait peint, comme une mise en abîme de lui-même et de sa peinture. Il porte un badge sur lequel est inscrit « End Bossiness soon »« Bientôt la fin de l’autoritarisme ».

 

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« On en sait moins qu’on ne le pense »

 

Aujourd’hui, David Hockney vit à Londres où il vient d’achever des peintures inspirées d’Edvard Munch et de William Blake. Ces deux toiles ont été réalisées durant la préparation de l’exposition à la Fondation Louis Vuitton (Avril-Août 2025)

 

  • After Munch: Less is Known Than People Think fait écho à un dessin du peintre norvégien vu dans un catalogue d’exposition, et reprend le titre d’un article du New York Times de 1998

 

  • La deuxième peinture, After Blake: Less is known Than People Think, renvoie aux illustrations de cet artiste pour la divine comédie de Dante. Les deux toiles, comme toujours chez Hockney, traitent de l’espace, tout en marquant, selon lui, une dimension «plus spirituelle »

 

Cette peinture s’impose directement des illustrations par William Blake de la Divine Comédie de Dante. Ce poème du XIV ème siècle décrit un voyage imaginaire à travers l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis.

 

 

L’aquarelle de Blake montre Dante et Virgile approchant de l’ange qui garde l’entrée du Purgatoire. Hockney inclut Dante en rouge et Virgile en vert, mais omet l’ange, offrant un aperçu des sept terrasses de la montagne correspondant aux sept péchés capitaux. Hockney remplace l’ange par un paysage quasi-abstrait avec un ciel à la Van Gogh et une colonne rouge soutenant un vitrail. Le titre apparait trois fois, tel un mantra.

 

Ce paysage, animé par le cycle éternel du jour et de la nuit, est placé sous cette formule

« C’est le maintenant qui est éternel »

 

                                           …

 

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