///Barbara. Gauguin. lettre à Jacques Brel

Barbara. Gauguin. lettre à Jacques Brel

By | 2022-01-21T22:09:47+01:00 17 janvier 2022|Art, Musique|0 Comments

Atteint d’une grave maladie, Jacques Brel enregistre à Paris

ce que seront ses dernières chansons

 

Il décède en octobre 1978

 

Rapatrié aux Marquises, son corps sera inhumé au cimetière du Calvaire…

à deux pas de celui de Paul Gauguin.

 

Au début des années 90,  Barbara, enregistre la chanson  » Gauguin, Lettre à Jacques Brel « 

Elle y exprime, avec émotion, le grand vide causé par la disparition de son ami.

 

Elle compose à l’aide d’une palette de couleurs variées

un tableau à la Gauguin, d’une éblouissante poésie.

 

Elle signera cette chanson par le prénom « Léonie »,

personnage qu’elle avait joué dans le film Franz, écrit par Brel dix-huit ans plus tôt…

 

***

 

Thème du tiers inclus :  L’absence , le manque , la distance

Antagonismes en interaction : Entre Mer du nord et Marquises :  Les pluies, les vents, les couleurs, les  mers, les cieux, les brumes, le soleil, les larmes, et les femmes …

 

*

 

Barbara

 Gauguin

Lettre à Jacques Brel

 

 

Lettre à Jacques Brel

 

 

Il pleut sur l’île d’Hiva-Oa
Le vent, sur les longs arbres verts
Jette des sables d’ocre mouillés

 

 

Il pleut sur un ciel de corail
Comme une pluie venue du Nord
Qui délave les encres rouges
Et les bleus-violets de Gauguin

 

 

Il pleut

 

Les Marquises sont devenues grises
Le Zéphir est un vent du Nord
Ce matin-là
Sur l’île qui sommeille encore

 

Il a dû s’étonner, Gauguin
Quand ses femmes aux yeux de velours
Ont pleuré des larmes de pluie

Qui venaient de la mer du Nord

 

 

Il a dû s’étonner, Gauguin

Et toi
Comme un grand danseur fatigué
Avec ton regard de l’enfance

Et toi

Bonjour Monsieur Gauguin
Faites-moi place
Je suis un voyageur lointain
J’arrive des brumes du Nord
Et je viens dormir au soleil
Faites-moi place

 

 

Tu sais
Ce n’est pas que tu sois parti
Qui m’importe
D’ailleurs, pour moi tu n’es jamais parti

Tu sais

Ce n’est pas que tu ne chantes plus
Qui m’importe

D’ailleurs, pour moi, tu chantes encore

Mais penser qu’un jour
Le vent que tu aimais
Te devenait contraire

Penser
Que plus jamais
Tu ne naviguerais
Ni le ciel ni la mer

 

 

Plus jamais en avril,
Toucher le lilas blanc,
Plus jamais voir le ciel
Au-dessus du canal
Mais qui peut dire ?

Moi qui te connais bien,
Je suis sûre qu’aujourd’hui
Tu caresses les seins
Des femmes de Gauguin

 

 

Et qu’il peint Amsterdam.
Vous regardez ensemble
Se lever le soleil
Au-dessus des lagunes
Où galopent les chevaux blancs

 

 

Et ton rire me parvient,
En cascade, en torrent
Et traverse la mer
Et le ciel et les vents
Et ta voix chante encore

Oh il a dû s’étonner, Gauguin
Quand ses femmes aux yeux de velours
Ont pleuré des larmes de pluie
Qui venaient de ta mer du Nord

 

 

Il a dû s’étonner, Gauguin

 

 

Souvent, je pense à toi
Qui a longé les dunes

Et traversé le Nord
Pour aller dormir au soleil
Là-bas, sous un ciel de corail
C’était ta volonté
Sois bien
Dors bien
Souvent, je pense à toi

 

Je signe Léonie
Tu sauras qui je suis

 

Dors bien

 

                                                                                                                …

 

et

Jacques Brel . Les Marquises

                                                           …

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